28 novembre 2011

Grossexe

Bonjour mes petits clous !

Tout est parti d’un délire. Je plaide coupable, c’est bien moi qui ai proposé le thème du jour. Sexe et grossesse. Je me disais facile, femme libérée, tout ça. Et puis, recherches Google, un peu aussi.

Ensuite, il a fallu s’y mettre, parce que c’est bien beau de faire des blagues cochonnes par mail en comité restreint, huhuhu, mais de là à pondre un article pertinent, réaliste, pas trop voyeur, drôle quand même sur le sujet, j’ai vite trouvé ça méga dur.

Non, n’en rajoutez pas, on a dit pas de blagues cochonnes.

A notre époque très sexuée, voir sexuelle, il est de bon ton de parler de sexe (à défaut de pratiquer) de manière totalement libérée et dans à peu près toutes les circonstances.
Pas forcément avec votre collègue Jean-Claude à la machine à café, mais presque.

Le sexe est devenu une part essentielle de notre vie, et l’un des témoins de la qualité de nos relations amoureuses et de l’amour qu’on porte à l’autre, ou que l’autre nous porte. A tort, ou à raison, la question n’est pas là. Je constate juste le fait brut.

Pour la suite de notre article, nous nous pencherons sur le cas d’un couple, Josiane et Martin. Jeune couple (oui, malgré leurs prénoms pourris), moins de 60 ans à eux deux, installés, deux CDI, amoureux, deux sorties par semaine et trois à cinq parties de jambes en l’air. Standard, quoi.

Un beau jour, ou peut-être une nuit...Il y a cette petite voix qui commence à parler, chez Josiane. "Je veux un bébé".

Et ce bébé, pas né, encore à l’état de potentialité, de désir, change déjà toute la relation au sexe, entre Josiane et Martin.

Le sexe n’est plus seulement l’expression d’un désir pour l’autre. Il devient le moyen obligatoire d’avoir un enfant.

Josiane a changé. Elle est bizarre. Elle pense bébé. Uniquement.
Elle mange bébé, elle parle bébé, elle rêve bébé. Elle dessine des bébés pendant ses réunions au bureau. Ou des fœtus. Le rond devient beau, le rond devient désirable.
Elle se met à haïr subitement toutes ses amies enceintes avant elle.

Le test de grossesse est devenu le meilleur ami de Josiane (et le pharmacien, aussi, vu qu’elle y laisse chaque mois la moitié d’un SMIC).

Josiane et Martin ne font plus seulement l’amour pour eux. Ce bébé, ce même pas bébé, cette idée de bébé change toute leur relation. Ils font l’amour essentiellement pour une chose : ne pas rater l’ovulation. Car il faut savoir qu’une ovulation de ratée, c’est un mois de perdu.

Josiane calcule tout. Le nombre de fois où elle fait l’amour dans le mois, chaque séance marquée dans un fichier qui lui sert à optimiser ses chances de tomber enceinte.
Pas trop souvent, pour laisser le temps aux spermatozoïdes de se renouveler.
Suffisamment souvent, pour ne pas rater la précieuse ovulation..

Le retour de ses règles, chaque mois, la plonge dans un état de dépression profonde dont elle sort 2 semaines plus tard pour forniquer dix fois par jour dès que sa glaire a la bonne consistance. Martin aime bien cette période là.

Toutes les méthodes sont bonnes pour que Josiane arrive à ses fins. Vous connaissez le poirier ? Voyons voir, comment expliquer ça… Le poirier est au sexe ce que le pyjama en pilou/charentaise est au glamour.

Oui, les hommes ont leur lot de choses à supporter, même AVANT.

Et puis un jour… A force de poiriers, le 3012ème test dit oui.

Et Josiane devient mère. Et ce petit mot la chamboule entièrement.

Avouons, ce qui la chamboule aussi un peu, c’est de passer 3 heures par jour la tête dans une cuvette de chiottes. Alors que Martin, lui, ce qui le chamboulerait plus, c’est la taille XXL que prennent soudain les seins de Josiane.

Mais Josiane n’a pas envie, au début. Elle dort à 20h, et Martin, lui, dort sur la béquille. Elle ne veut pas qu’il la touche, elle a peur pour le bébé, et ce truc de quelques cellules lui gâche la vie. Il pourrait presque lui en vouloir, un peu, surtout que Josiane n’a pas vraiment changé, physiquement. Ca ne se voit pas.

Vers le quatrième mois de grossesse, c’est l’inverse. Josiane ne vomit plus, est en pleine forme et est devenue une assoiffée de sexe, à tout moment. Elle a envie tout le temps de Martin, même en pleine nuit, au bureau, enfin à peu près n’importe où. Ses terminaisons nerveuses, partout, semblent avoir une sensibilité extrême, elle vibre à la moindre caresse.

Le souci, c’est que Martin est un peu impressionné par ce ventre qui grossit et qui bouge, en plus. Ce sexe féminin cache un étranger, tapi tout au fond. A chaque fois qu’il voit Josiane, il ne voit que lui.

Et puis, la position de la petite cuillère, ça va bien deux minutes, mais sa Josiane il aimerait bien la retrouver comme avant. Dans toutes les positions.

Vers la fin de la grossesse, Josiane s’est un peu calmée. La fatigue de ses 8 pauses pipi nocturnes et de ses 16 kilos en plus a eu raison de sa libido. Mais elle s’est mis en tête une nouvelle lubie : déclencher l’accouchement à l’italienne. C’est à dire, grâce à une relation sexuelle.

Elle se force bien un peu, mais si ça peut lui éviter quelques jours supplémentaires à traîner son boulet… Josiane en mode baleine échouée sur le lit, Martin a beaucoup de mal à se concentrer pour arriver à ses fins. Il se force bien un peu, lui aussi. Il ferme les yeux.

Alors l'enfant... parait.Rien à voir avec le déclenchement à l'italienne, en passant. Juste, parce que c'était le jour.

Josiane oublie jusqu’au mot sexe. Ce sexe malmené, déchiré, douloureux, elle ne veut plus en entendre parler. De toutes façons, tout son temps, son esprit, son monde, est entièrement rempli, comblé, par Kevin (oui, Josiane et Martin ont des goûts de chiotte, en matière de prénoms).

Et puis, elle se trouve grosse, dans la glace. Son ventre tombe un peu, elle est fatiguée, perd ses cheveux, ses racines sont apparentes, ses ongles pas coupés et sa dernière épilation date de son rasage de moule avant son épisiotomie.

Martin, lui, la désire. En même temps, au bout de deux mois d’abstinence, Josiane pourrait être le pire thon du monde, il la verrait comme Scarlett Johanssen. Presque.

Josiane et Martin. Jeunes parents d'un nouveau-né, moins de 60 ans à eux deux, installés, deux CDI, amoureux, zéro sorties par semaine et une partie de jambes en l’air par mois. Standard, quoi.

Et chez vous, ça s'est passé comment?

A bientôt les petits clous !

12 commentaires:

  1. Tout pareil que chez Josiane et Martin...

    RépondreSupprimer
  2. Excellent ! sauf que Martin, c'est pas ringard, c'est le nom du meilleur pote de flash McQueen !!!!

    RépondreSupprimer
  3. Le déclenchement à l'itaienne reste un des pires souvenirs de ma vie! Pire que l'accouchement! Pour que ça marche il faut garder le sperme en contact avec le col. La prostaglandine travaille à ouvrir le col. c'est comme ça qu'on déclanche à l'hôpital une nuit avec un gel de prostaglandine sur le col. Ca fait des contractions horriblement douloureuses pour un résultat niet!Avec un mec qui ronfle à côté et que tu as envie de taper! Il faut le dire!
    Cat.

    RépondreSupprimer
  4. Superbement expliqué ! Désolée pour les 8 autres, mais c'est ton histoire que je préfère.

    RépondreSupprimer
  5. @All: merci!!
    @Astridm: Oui, mais bon, ça collait bien avec Josiane. Enfin, c'est ce qu'il m'a semblé, hier soir à 23h18, quand j'ai réécrit mon texte pour la 723ème fois.

    RépondreSupprimer
  6. Parents d un nouveau-né et jambes en l air une fois par mois ? Ben ils en ont de la chance ! Nous c etait une fois tous les 3mois pendant plus d un an... J avais pas envie, je savais meme plus ce que c etait que le mot sexe ou envie ou libido, et la mome ne dormant que par tranches de 2h ou moins, primo j etais epuisee et ne pensais qu a dormir, deuxio ca ne laissait pas bcp de temps pour se consacrer a cette activite de loisir...
    Ca promet pour l arrivee de deuze dans 4 mois :-s

    RépondreSupprimer
  7. J'allais dire que Martin est un chouette prénom mais Astrid s'en est chargée !
    Ce qui m'angoisse c'est de me reconnaître dans ton récit...

    RépondreSupprimer
  8. J'ai pas de collègue qui s'appelle Jean-Claude (Duss ?) à la machine à café.
    Sinon, ce ne fut pas comme ça chez nous... je savais bien que nous étions marginaux jusque dans cet aspect-là !

    RépondreSupprimer
  9. Chez nous Petit Loulou a 6 semaines demain et nous sommes tous les deux presses de reprendre notre activite ;-) cette semaine. C'est sûr!

    RépondreSupprimer
  10. Ma libido était déjà en dégringolade sèche avant de penser bébé. Une fois la grossesse arrivée, ça a été la chute vertigineuse, et....oserais-je le dire ? Pratiquement deux ans de désert sexuel. Alors avec ça, si j'ose croire que mon homme ne m'aime pas comme un fou, je ne me comprends pas...

    En fait ici, ça a été l'arrêt pilule qui nous a sauvé.

    Seconde grossesse actuellement, et j'aime dire que j'ai tiré le bon lot d'hormones, ma libido se porte bien, y a des moments calmes parce que fatigues, contractions, etc, mais beaucoup de volupté quand même !

    J'ai vraiment adoré ton article !

    RépondreSupprimer
  11. Je me reconnais aussi (malheureusement) dans ce portrait, à la seule exception près qu'avant le projet bébé, nos parties de jambes en l'air n'étaient pas fréquentes (trop de boulot crevant) et qu'en début de grossesse c'est Monsieur qui était plutôt perturbé alors que mes hormones boostaient ma libido...

    RépondreSupprimer