30 mai 2011

Béatrice Knoepfler : Le tout dernier préparatif

Ca y est, tout est prêt. Ta chambre, ton lit, ton doudou, nos valises pour la maternité avec dedans tout ce qu’il y avait sur la liste. Il me reste encore une chose à faire et tu pourras arriver. T’écrire cette petite lettre, c’est le dernier des préparatifs que j’ai prévu de réaliser avant notre rencontre.





Il fait déjà nuit dehors, je le vois par la fenêtre de cette chambre d’hôpital. C’est normal, on est en octobre. Je viens d’entendre les battements de ton cœur avec le dernier monitoring avant ta naissance.

Demain, j’accouche. 

Alors, en fait, c’est pas comme dans les films. J’ai pas perdu les eaux, ton papa n’a pas conduit comme un dingue. Non, je sais déjà depuis la semaine dernière qu’on va se rencontrer sur rendez-vous bien planifié.  Bon, ce n’est pas si grave, car il faut dire que ton corps et le mien ne sont pas vraiment dans le même sens et que, pour que tu arrives dans les meilleures conditions, on ne peut pas trop se permettre de tenter le coup de la rencontre par hasard.

Voilà, c’est notre dernière nuit à toutes les deux et, même si tu es mon premier bébé, je crois que c’est quand même assez étrange de savoir ça.
Tu vois, j’ai bien fait tous mes préparatifs, ceux de mon corps inclus avec les exercices pour assouplir le périnée, les cours de préparation à l’accouchement et tout et tout.  J’ai même appris à respirer pour supporter les contractions. Sauf que j’en ai pas encore eu, et que je crois que là, c’est un peu tard pour que je sache à quoi ça ressemble.

Inconsciemment au début, et puis de plus en plus consciemment au fil du temps, ça fait quand même 9 mois que je me prépare à l’accouchement. Mais la seule chose que je n’avais pas prévu, c’est qu’il serait aussi prévisible !

Mais ce n’est pas grave, parce qu’au fond de moi, je crois qu’il y a une autre chose que  je ne peux pas prévoir, c’est l’intensité de notre rencontre. Il me reste donc cette inconnue, et j’ai tellement hâte…

Alors on se voit demain mon ange. Je descends au bloc pour la césarienne à 9 heures et après, on remonte tous les 3, toi, papa et moi. Enfin, il y a quand même un dernier petit truc que je me paye toute seule le luxe de prévoir : à partir de demain, je signerai toujours mes lettres « Maman ».

9 commentaires:

  1. C'est chou :))
    Et il faudra signer : Maman chérie d'amour aussi!

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  2. Merci Bea pour ta participation, j'aime beaucoup ton texte tout en retenue et dans cette attente...

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  3. Ca me rappelle moi: mon petit loup aussi était à contre-sens.
    Je me reconnais dans tes mots, dans ce sentiment étrange que le lendemain tout va changer.
    Merci pour ton texte, je le garde précieusement.

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  4. C'est chouette de partager les émotions liées à ces conditions particulières pour celles qui l'ont vécu et celle qui ne savent pas.

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  5. J'en ai les larmes aux yeux, trop mimis, ça exprime si bien ce qu'on ressent !

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  6. 2 césariennes, dont la seconde prévue 15j à l'avance....je me retrouve beaucoup dans ton texte, très émouvant...

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  7. Que ce billet me rappelle mon second "accouchement"! J'étais dévastée, apeurée de prendre un chemin inconnu.

    "Mais la seule chose que je n’avais pas prévu, c’est qu’il serait aussi prévisible !" C'est tellement vrai.

    Je potine
    http://www.la-mere-est-calme.com/2011/06/les-potins-du-dimanche.html
    (en ligne dimanche)

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  8. Très belle lettre, émouvante et douce.
    Merci de nous l'avoir fait partager!

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