28 novembre 2011

Chou, cigogne, rose et sexe

Je ne vais pas te mentir, ça ne fait pas longtemps que je sais ce qu’est le sexe. Pour un fœtus dont on ne connaît pas encore le genre, ce n’est pas d’une grande utilité tu me diras. Mais quand même, j’aime bien savoir la vérité.
Je me demandais comment j’avais fait pour arriver dans cette grotte, comment j’avais été conçu. Les histoires de choux, roses et cigogne me laissaient perplexe, je l’avoue. Qu’une rose entre dans le vagin de ma mère, je peux encore le concevoir, mais un chou ? Et une cigogne (t’as vu le bec que ça a) ?

Finalement, c’est en écoutant attentivement les conversations de mes parents que j’en ai appris plus sur ma création. Et donc sur le sexe. Enfin LES sexes. Parce que visiblement, il y a un sexe avant la grossesse et un sexe après, et ils sont très différents.

Avant la grossesse, mes parents faisaient comme tout le monde, l’amour quand ils en avaient envie. Enfin quand la migraine, le programme télé ou la fatigue n’étaient pas plus forts.
Puis, il y a eu le projet grossesse. C’est là que ma mère a basculé du côté obscur. C’est là qu’elle a commencé à tenir son petit carnet sur lequel elle notait tout ce qui lui permettait de calculer la période la plus fertile, la fameuse ovulation, autrement connue sous le nom de « période du papier qui colle au bonbon », ne me demande pas pourquoi. C’est là qu’elle a décrété que, pour augmenter les chances, il fallait faire l’amour uniquement quand la température matinale était la plus basse du mois ou quand le test d’ovulation était positif. Mon père avait même droit à une double dose quand les deux critères étaient réunis.

Mais attention, ce n’était pas pour autant qu’il fallait se croire dans un de ces films que papa cache sous le lit. Il fallait suivre des règles.
Déjà il fallait faire l’amour durant la période fertile et UNIQUEMENT durant cette période. Sinon, les spermatozoïdes (je ne suis pas près de savoir l’écrire celui-là) étaient trop fatigués pour être efficaces le mois suivant. Il fallait les ménager, pas les épuiser.
Et puis il fallait choisir la position avec soin. Mon père a dû se mettre derrière l’oreille ses envies de rejouer le Petit Kamasutra illustré, la seule position envisageable étant celle du missionnaire, bassin surélevé avec un coussin. Il fallait aider ces petits assistés de spermatozoïdes à atteindre leur but.
La chandelle pendant 10 minutes après chaque rapport, c’était pour ça aussi.

Au début du mois d’octobre, mon père comptait les jours. Plus que deux semaines et il pourrait enfin se jeter sur ma mère. Il n’en pouvait plus, il devenait fou. Il avait même envisagé de modifier le thermomètre et les tests d’ovulation pour que ce soit Noël tous les jours.
Le pauvre, il se trompait lourdement.

Quand le test a été positif, il a voulu fêter ça comme il se doit (soyons fous, enlevons le coussin). Mais il fallait attendre un peu, c’était le tout début et au début c’est bien connu, la grossesse est fragile.
Un mois plus tard, il a voulu fêter la première échographie comme il se doit (soyons fous, mets-toi à quatre pattes). C’était sans compter sur les nausées et les migraines.
Deux mois plus tard, il a voulu fêter l’annonce à la famille comme il se doit (soyons fous, enlève ta culotte de grossesse). Ma mère a vomi.

Je ne sais pas comment ça va se passer par la suite, mais je suis prêt à parier que d’ici peu l’argument « j’ai peur que ça traumatise le bébé » sera utilisé. Comme si la tronche du gynéco qui inspecte ma grotte n’était pas plus flippante.
Et puis, il y aura l’accouchement, l’épisio, les nuits sans sommeil, les pleurs, la fatigue et tout ce qui accompagne cette merveilleuse étape qu’est l’arrivée d’un enfant dans un couple.

Alors je vais profiter de mon passage sur ce blog pour passer un message à mes parents.
Papa, tiens bon. Avec un peu de chance, elle aura envie d’un autre bébé très vite. Et avec beaucoup de chance, elle redeviendra comme avant. (là je mens mais c’est pour son bien)
Maman, si tu veux aider papa à résister facilement, continue à mettre tes culottes en coton et à te laisser pousser les poils, tu lui rends service.

De toute manière, le plus important, c’est quand même que je suis un bébé de l’amour. Et ça, ça vaut tout le sexe du monde, pas vrai ?

5 commentaires:

  1. Mais oui mon ptit bouchon :)))

    La culotte hideuse et les poils, c'est ton kit pour un séjour réussi.

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  2. Ah ce poirier/chandelle, c'est une star ! Quel regard lucide vers le monde extérieur ;)

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  3. Je suis contre le conseil donné à la mère ! Non mais ça va pas de pousser les gens à se laisser pousser les poils ! Sale (futur) môme ! ;p

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  4. Pas besoins de conseils à la maman... Juste ... Un nourrisson H24 à s'occuper, et hop, miracle, l'épilation n'est plus qu'un lointain souvenir :D

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