24 février 2011

Till the cat: Coupé du monde, moi ?

Les parents au foyer sont-ils des êtres totalement désocialisés ?

En voilà une bonne question ...


Je vais parler en mon nom. Père au foyer depuis 6 ans, la question de la désocialisation m’a très souvent été posée, plus ou moins subtilement d’ailleurs. Comme tous les parents (et mes collègues de "9 blogueurs" l’expriment très bien), avoir des enfants change réellement la donne. Fin des sorties à l’improviste, réduction du cercle des amis, organisation de dingue pour les expéditions en famille etc. … Mais quand on est parent au foyer, la désocialisation monte encore d’un cran en faisant une croix sur le monde du travail.

Effectivement, je n’ai plus à me rendre au bureau, faire la bise ou serrer les pognes de mes collègues, réclamer une augmentation à mon chef ou discuter du programme télé de la veille pendant la pause café. Avant de devenir père au foyer, j’exerçais un travail frôlant l’hyper-socialisation puisque j’étais en charge des relations publiques et commerciales de ma boite. Toute la journée je rencontrais des gens pour papoter de leur vie, créer du lien, les séduire et accessoirement leur vendre du vent. Alors, quand j’ai fait le choix (car oui, c’est un choix) de rester à la maison pour m’occuper de ma fille, le contraste ne pouvait être plus fort.

En fait, je devrais répondre aux gens qui s’inquiètent de ma "socialisation pro" que je n’ai plus à me rendre au bureau chaque matin en essayant de faire bonne figure, même quand rien ne va. Que je n’ai plus l’obligation de faire la bise ou de serrer la main de collègues qui me sortent par les trous de nez. Que je ne suis plus obligé de me coltiner les conversations foireuses, les expos photos d’enfants moches ou des dernières vacances de Monique, la secrétaire acariâtre. Que je n’ai plus besoin de subir les humeurs d’un chef obsédé par les chiffres et les objectifs insurmontables. Que je peux boire du café qui ne sort pas d’une machine à jus de chaussette et que tout cela me réjouit au plus haut point. Cette socialisation là, j’ai donné et je ne la regrette pas du tout.

« Mais, tu ne vois plus personne de la journée, ce n’est pas trop dur ? »

Je « vois » des gens toute la journée !

J’en vois une partie dans le monde réel. Car oui, nous autres les parents au foyer, nous sortons de nos terriers le jour pour ravitailler la maison en nourriture. Nous nous rendons même parfois chez le médecin, le pharmacien, la poste, la banque, l’assureur etc. Quand nos enfants grandissent, nous rencontrons même d’autres être vivants à l’école de nos enfants. Nous avons aussi des amis qui osent encore nous inviter à prendre le café ou même carrément un repas. Alors bien sûr, ils ne nous posent pas les questions rituelles qui meublent la conversation dans toute relation sociale normale « ça va le boulot en ce moment ? » parce qu’ils s’en tapent royalement de savoir que tes journées sont très remplies. Non, ils préfèrent se bercer de la douce illusion que tu glandes tranquillement chez toi en étant entretenu par ta moitié. Mais rien ne t’empêche de les informer sur la réalité.

Et puis il y a les gens que tu côtoies via ce réseau diabolique appelé Internet. Parait même qu’il y a là bas des « réseaux sociaux ». Oh, tiens ! « Sociaux » ...

« Oui, mais internet et les réseaux sociaux, c’est pas comme dans la vraie vie, tu es derrière ton ordinateur … »

Tu as raison Jean-Jacques, internet et les réseaux sociaux, ce n’est pas comme dans la vraie vie, c’est même souvent mieux. Prenons un exemple. Toi Jean-Jacques, si tu faisais partie de mes amis sur un réseau social, je n’aurais qu’à cliquer sur un bouton pour ne plus avoir à subir ton flot de paroles inintéressantes. En un clic, tu te rends compte du progrès ?
J’ai même tendance à penser qu’internet est un booster de socialisation. Rien n’empêche de rencontrer à l’extérieur les gens croisés sur le net. Il permet même de rencontrer des gens que nous n’aurions simplement jamais croisés à cause des contraintes géographiques ou sociales.

Finalement quand j’y pense, qu’on bosse à l’extérieur ou qu’on soit parent au foyer, il n’y a pas une grande différence de socialisation.

Les gens que tu croises au boulot ne sont-ils pas toujours les mêmes ?


 Till the Cat (TilltheCat.com 9 blogueurs, 9 mois, bebe, grossesse

5 commentaires:

  1. "ils préfèrent se bercer de la douce illusion que tu glandes tranquillement chez toi" : On sous estime toujours le travail que c'est de s'occuper des enfants, surtout si on en a pas soit même.

    En tous cas joli article, je vais le faire lire à ma femme mère au foyer tiens.

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  2. ah mais les PAF ou les MAF vous êtes des saints... (ou des martyres parfois, souvent, je ne sais plus trop en fait :D) Et c'est vrai que les enfants nous aident à développer notre réseau ;)

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  3. C'est clair que grâce à Internet, j'ai doublé mon nombre d'amis IRL, finalement je suis beaucoup moins seule aujourd'hui que dans ma vie d'avant... !

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  4. j'adore ! tout ça est tellement vrai ! :)

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  5. point de vue intéressant et inattendu. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle…

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